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Le projet ANR IRETRA

le 17 février 2023

Publié le 17 février 2023

L'objectif est d’analyser les enjeux, les chances, les modalités et les formes possibles de la réindustrialisation en France. Deux enseignants-chercheurs du LIMEEP-PS y sont impliqués.

Le projet de l'Agence nationale de la recherche s'intitule IRETRA comme « Innovation, réindustrialisation des territoires et transformation du travail ».
Ce projet est initié par des géographes ayant choisi de travailler dans l’interdisciplinarité (géographie économique et industrielle, aménagement et urbanisme, économie, sociologie du travail et sciences politiques). Son objectif est d’analyser les enjeux, les chances, les modalités et les formes possibles de la réindustrialisation en France au travers de ses deux conditions majeures, dont l’articulation est loin d’être évidente : l’innovation et la transformation du travail. Frédéric Leriche et Dalila Messaoudi sont enseignants-chercheurs au Laboratoire interdisciplinaire sur les mutations des espaces économiques et politiques - LIMEEP-PS, dont Frédéric Leriche est également le directeur. Ils nous expliquent les enjeux de ce projet.
Période de financement : oct. 2021 – oct. 2025
Montant du financement : 368 K€


Le contexte du programme ANR-IRETRA
«La France connait un très important mouvement de désindustrialisation depuis la seconde moitié des années 1970. Cette tendance, qui s’est encore accélérée à l’occasion de la crise mondiale de 2007-2008, et lors de la crise sanitaire de la covid-19 apparue début 2020. La France figure parmi les pays européens où le recul de l’emploi industriel a été le plus important. Les conséquences se répercutent sur l’emploi bien sûr mais aussi sur les capacités de financement de la recherche, l’investissement, l’école, la formation, du système de santé, etc. Pour résumer, dans toutes les fonctions régaliennes, l’Etat est en difficulté. Or, on observe aujourd’hui, parmi les politiques, les observateurs et les acteurs de l’économie un appel à un renouveau industriel de la France par la mise en œuvre d’une dynamique de réindustrialisation. Nous sommes actuellement dans une période phare où certains territoires français ont la possibilité de se réindustrialiser sur des bases nouvelles, que ce soit à l’échelle des grandes villes mais aussi dans les espaces ruraux, les petites et moyennes villes (espaces où se localisaient en 2019 les deux-tiers de l’emploi industriel en France selon l’INSEE). C’est dans ce contexte et cette perspective que s’inscrit précisément ce projet IRETRA».

Les objectifs du projet
«Il s’agit d’un projet collaboratif ayant pour objectif d’analyser les enjeux, les chances, les modalités et les formes actuelles et à venir de la réindustrialisation en France. Les membres impliqués dans le programme sont issus d’universités réparties sur toute la France, ce qui nous permet une lecture sur tout le territoire métropolitain.
Le projet s’articule autour de trois axes, dont le premier est dédié aux approches épistémologiques, aux principaux questionnements de recherche ainsi qu’à l’élaboration des approches interdisciplinaires. Lors de cette phase conceptuelle, nous formons un canevas commun entre nos disciplines, nous identifions des terrains d’étude, notamment. Le deuxième s’interroge sur la place et le rôle de l’innovation et du travail dans les différentes modalités de la réindustrialisation déjà à l’œuvre. Le troisième analyse les réticences, les résistances et les freins à la réindustrialisation en interrogeant ce qui fait défaut en termes d’innovation et de travail mais aussi en interrogeant la question environnementale et la transition écologique et industrielle».

L'implication de Frédéric Leriche et de Dalila Messaoudi dans ce programme
«A notre niveau, chercheurs géographes au LIMEEP-PS à l’UVSQ, nous avons convenu d’un partenariat avec le département des Yvelines sous forme de convention. Le département des Yvelines se prête parfaitement à notre étude car on y trouve à la fois des fonctions industrielles de production mais aussi fonctions industrielles de R&D. Ce département a une histoire industrielle très riche mais il a été confronté à la désindustrialisation. Entre 2007 et 2021, on a dénombré 16 000 emplois industriels détruits. L’un des secteurs le plus touché était celui de l’industrie automobile en termes d’effectifs. Aussi, le département des Yvelines souhaite comprendre et anticiper les mutations structurelles de ce secteur d’activité.
Dans le cadre de l’ANR-IRETRA, nous nous rendrons le 23 mars prochain à la Re-Factory Renault de Flins. D’une part, nous devons réfléchir au rôle de l’économie circulaire dans la réindustrialisation du territoire. D’autre part, nous devons réfléchir au rôle prépondérant des industries dans le réchauffement climatique et la possibilité de proposer des modalités de production induisant des impacts moindres (relocalisation, régionalisation de la production, économie circulaire, par exemple), mais aussi sectorielles (biomasse, méthanisation, géothermie, énergie renouvelable), ainsi que sur la question du recyclage et la transition écologique.
En outre, les Yvelines font figure de terre d’innovation avec la place qu’y occupe le NewSpace, notamment avec l’OVSQ à SQY et le campus de Cité de l'innovation et des métiers de demain à Mantes. Les Yvelines constituent un territoire avec de forts potentiels et activités R&D. L’idéal pour identifier des leviers de la réindustrialisation.
Malheureusement, l’industrie souffre d’un désamour depuis une cinquantaine d’années, et souffre encore aujourd’hui d’une mauvaise image dans l’imaginaire collectif. Or, l’acceptation sociale de la réindustrialisation est primordiale, et c’est une nouvelle image qui pourrait naître grâce à l’émergence de nouveaux secteurs industriels avec la création d’emplois revalorisés. La transition écologique devra nécessairement accompagner cette industrie plus environnementale, moins énergivore et moins polluante».

«Nous gardons en tête comme leitmotiv l’hypothèse suivante : la réindustrialisation passera par la mobilisation forte de l’innovation entendue dans son sens le plus large, c’est-à-dire en intégrant la contribution technologique mais aussi les dimensions organisationnelles et sociales».